Avec ce nouveau solo, Taos Bertrand réactive la figure mythologique de la nymphe. Démembrée puis transformée en pierre, celle-ci est normalement associée au fantôme. Taos Bertrand choisit de lui redonner corps et sens par une gestuelle pulsionnelle, alors traversée par différents phénomènes : “la coupure, l’écho et la grâce”. Nymphe fait l’anatomie d’un canon philosophique, esthétique et politique à l’époque contemporaine.
Décrite chez Ovide comme “cachée sous d’épais feuillages”, la chorégraphe-interprète entre en scène en se cachant derrière ses mains. Elle est presque invisible mais de fait survisible sur une scène illuminée. En mimant des gestes de coupure qui la font gémir, ce corps semble invoquer violence et jouissance, vie et mort.
“Je cherche à être dans un rapport d’extrêmes affects. Cette nymphe est prise dans un espèce de flux continu, une espèce d’électro-cardiogramme.”
“Il est dit de la Nymphe Echo qu’elle n’est plus que le son qui vit en elle. Il m’intéressait que mon corps soit aussi à l’endroit de la traduction des influx sonores, comme si j’étais extrêmement réceptive aux sons du plateau. Je trouve qu’à cet endroit là, on touche à quelque chose qui est de l’ordre de l’écho qui m’intéresse, de l’ordre d’un lyrisme contemporain”.

Furtive et mélancolique, la nymphe de Taos Bertrand lance le défi d’un devenir-son enchanté.
Nymphe ou nymphes ? Taos Bertrand danse ici différentes corporalités et métamorphoses depuis un répertoire multi-référentiel. Bruits, RnB, poème et musique électronique se succèdent et les images que provoquent la danse sont elles aussi hétérogènes.
"La nymphe laisse sa peau derrière elle, elle est ce corps qui se plie et se déplie, à cet endroit-là du morphing constant presque”.

Elle est sirène, la fauna du répertoire de Nijinski et une maîtresse de conférence qui lypsinc peut-être. Sans en faire un discours de politique identitaire, Taos Bertrand puise dans une certaine matérialité transféminine pour questionner le corps féminin, sa beauté, sa grâce sur scène.
NYMPHE
Création à KLAP dans le cadre du festival + DE GENRES.
Première mardi 11 mars à 20h30
Durée 45 min