- Publication
- 01.01.2024
Comment un geste peut-il raconter notre humanité ? Dans Et de se tenir la main (2021), la chorégraphe Mélanie Perrier fait de la polysémie d’un geste et de la main le support de sa création.
À l’heure de l’effritement des normes de genres, il nous apparaît urgent de revenir à ce qui nous relie, nous unit, plutôt que de regarder nos différences ou nos identités.
Sur scène, deux danseurs accompagnés par une batterie jouée en live, explorent la pluralité des situations qu’évoque ce simple geste de se tenir la main. Un geste universel, fondamental dont Mélanie Perrier estime urgent de restaurer la part solidaire.
Organe ambivalent par excellence, nos mains sont capables de la plus grande douceur comme de la pire violence. Du toucher à la force, du consentement au jeu, de la dureté à la douceur, de l’hospitalité à la tendresse, de la dépendance à l’interdépendance, la danse n’en finit pas de déplier ce geste dans un mouvement vif et permanent toujours à l’écoute de l’autre
Entre tension et fluidité, se donner la main, saisir, retenir, envelopper, empoigner, lâcher ou tirer constituent autant de manières d’explorer la diversité de relations à l’autre. L’espace de la relation à l’autre est au fondement du travail de la Compagnie 2 Minimum, créée en 2010. Chacune des créations s’inscrit dans une recherche autour du duo.
Les enjeux de l’éducation artistique et culturelle, en particulier ceux de la formation et de l’accessibilité, constitue un autre pan de son engagement. La chorégraphe a donc invité un comité de 7 enfants, âgés de 6 à 10 ans, venus de la France entière. Pendant 7 mois, les enfants ont suivi et participé à chaque résidence de création Leurs regards et avis ont été enregistrés pour constituer une capsule sonore, qui a été intégrée à la partition de la pièce.
“Emblème de notre capacité d’agir”, la main permet de saisir le monde, de l’appréhender dans ce qui est sensible au toucher mais aussi indicible par le langage. C’est ce que propose d’interroger Mélanie Perrier à travers l’expérience sensible de sa pièce Et de se tenir la main.