Avec Rave Lucid, la compagnie Mazelfreten, cofondée par Brandon Masele et Laura Defretin, rend hommage à la danse électro, première danse urbaine créée en France, à sa culture et son énergie.

Brandon Masele commence la danse électro à l’âge de 13 ans alors qu’elle ne fait qu’émerger. La gestuelle, la musique, le rythme sont pour lui une révélation. Pionnier dans ce domaine, il a toujours voulu rendre hommage à la communauté qui l’a fait grandir en tant que danseur professionnel. En 2020, Mazelfreten est sélectionnée pour participer au concours Danse Élargie. Masele et Defretin y présentent Rave Lucid, une petite forme de dix minutes.

« Il y a eu un certain engouement qui s’est créé autour de cette potentielle pièce électro en devenir. »

En 2021, le soutien de La Villette leur permet de donner une autre envergure à Rave Lucid et d'y présenter une pièce au plateau pour dix danseur·euse·s.

© Jonathan Lutumba

« Ça fait longtemps en France qu’on n’a pas créé de mouvement de danse et l’électro fait vraiment partie du patrimoine. »

Popularisée par des vidéos postées sur YouTube, notamment lors de la Techno Parade en 2007, cette danse est assimilée à tort à la Tecktonik quand les médias s’en emparent. Rave Lucid veut « essayer de mettre l’accent sur les forces et la richesse de la danse électro, et pas sur ce qui a pu la détourner, la faire méconnaître. »

La pièce explore d’un côté la genèse de l’électro, cette énergie viscérale et organique qui porte jusqu’à la transe. De l’autre, le rêve éveillé qui réfère à cet état de conscience exacerbé. D’une part, l’esprit spontané et libre du club. De l’autre, l’aspect lucide de la battle où toute une technique se développe.

Véritable épreuve d’endurance qui exige concentration et lâcher-prise, la danse électro se caractérise par des jeux de bras qui font sa force. Rave Lucid met en tension les danseur·euse·s pour (re)produire un effet de transe hypnotique, tout en s’emparant des rapports de sociabilité des clubs.

« Chacun·e peut réagir à sa transe et essayer au maximum de se laisser transporter par cet état de fatigue, la musique et la quête répétitive. »

En transposant la danse électro sur des scènes dites « classiques », Brandon Masele et Laura Defretin veulent retranscrire ce qu’elle a toujours été : accessible et universelle. D’où le choix de dix danseur·euse·s qui appartiennent à l’ancienne et à la nouvelle génération. Une manière de rendre hommage à l’histoire de la danse électro dans le présent, et de penser son futur.