Après Au Cœur, fruit d’une collaboration avec un groupe de danse folklorique nord-aveyronnais, Dalila Belaza imagine avec Figures un rituel sans passé ni territoire.

À l’origine de Figures, il y a d’abord les trois années de laboratoire menées avec le groupe Lous Castelous qui mettent Dalila Belaza en contact avec une « langue qui vient de loin ». Un premier contact qui pose la question de l’ancrage des danses traditionnelles, de la sensation d’une histoire, d’un espace-temps lointain qui l’intrigue. Puis c’est l’envie « d’aller plonger dans une sorte d’inconscient » et de faire venir jusqu’à nous une mémoire collective enfouie.

Avec Figures, son but est de construire « un rituel sans passé, au présent ». Mais comment transmettre un rituel sans ancrage, qui n’est qu’une « forme totale d’abstraction » ? À la différence d’Au Cœur, ce solo ne doit pas se rattacher à une danse traditionnelle connue ou à une culture. D’un côté « ne pas territorialiser l’histoire ». De l’autre, enraciner le geste avec la sensation que « ça vient de loin, à la fois dans l’espace, à la fois dans le temps, à la fois à l’intérieur ». Pour que le récit à la fois intime et universel qui en émerge puisse devenir le socle de multiples interprétations.

Au Cœur explorait la confrontation, la rencontre, le dialogue possible entre la danse de Belaza et celle de Lous Castelous, l’individu face à la communauté. À l’inverse, Rive (qui sera repris en 2023 après une version présentée en 2021 dans le cadre du Festival Parallèle avec les danseur·euse·s du Ballet national de Marseille) part du rythme pour créer une cohésion de groupe au sein d’une communauté. Ce travail se poursuit en 2022 avec Figures où le spectateur plonge dans une abstraction pour faire émerger une histoire collective.