Avec Au cœur, la danseuse et chorégraphe franco-algérienne Dalila Belaza s’associe au groupe de danse folklorique aveyronnais Lous Castelous pour « interroger l’état de jaillissement de la danse, quelle que soit sa forme ».

Nous sommes en 2019. Le concept de pandémie mondiale relève encore de la dystopie. La danseuse et chorégraphe contemporaine Dalila Belaza s’est rendue en Aveyron pour travailler avec deux artistes verriers. C’est par leur intermédiaire qu’elle rencontre les membres du groupe de danse folklorique Lous Castelous de Sénergues, dans le nord du département. Immédiatement, leur collaboration s’impose comme une évidence.

« Je leur ai proposé de créer pour eux une performance (…) sans savoir vraiment ce que j’allais écrire en termes chorégraphiques. J’avais seulement le sentiment que cette rencontre devait se réaliser et se passer à mi-chemin entre eux et moi ; entre leur danse et la mienne. »

© Vincent McClure

Ce n’est pas la première fois que Dalila Belaza s’intéresse aux danses traditionnelles. Par le passé, elle a déjà mené des expériences avec des danses vernaculaires d’Algérie. Mais cette fois, elle souhaite aller plus loin, explorer « l’endroit de porosité » entre sa pratique et celle du groupe Lous Castelous. Ensemble, ils travaillent notamment sur les temporalités.

« J’ai fait en sorte de ralentir à l’extrême l’emportement qu’il y a dans ces danses, de manière à ce qu’un geste intime propre à chacun·e affleure et laisse voir un autre paysage, celui contenu entre eux et (le) folklore. »

© Vincent McClure

Le projet, baptisé Au cœur, est d’abord montré à Rodez, au musée Denys-Puech. En 2020, il est présenté au concours Danse élargie. Dalila Belaza accède à la finale de la 6e édition de cette compétition bisannuelle organisée par le Théâtre de la Ville. Une édition « autrement », puisqu’ayant lieu en plein confinement mondial, à distance et sans représentations publiques.

© Vincent McClure

La chorégraphe aimerait « une danse qui ait le pouvoir de guérir et d’honorer la vie ». Un élan qu’on retrouve dans Au cœur, et dans le partage qui a conduit Dalila Belaza et Lous Castelous à créer au CCN Ballet national de Marseille Rive, en écho à leur pièce, à l’issue d’une semaine de workshop avec les danseur·euse·s du BNM, en marge de la 11e édition du Festival Parallèle.