En sortie de résidence du Ballet national de Marseille, le projet Blossom porté par Sandrine Lescourant a.k.a Musafa diffuse au plus large la fête collective et la pure joie d’éclore.

Depuis la première à Cavaillon, le 7 février dernier, Sandrine Lescourant mesure le chemin parcouru avec Blossom, pièce chorégraphique et chantée avec musique live… Ca nous a pris 10 ans pour arriver à parler damour ensemble, car ça nous met dans des postures de vulnérabilité extrême. Parler d'amour, ce nest pas de la facilité. Au contraire c’est plutôt une recherche de simplicité.

© Thomas Bohl

On part donc d’une question à la fois simple et complexe posée au public : qu’est-ce qui vous fait blossom ?

Cette question fait autant parler de Dieu, du plaisir de la douche tiède, de la famille, de lamitié, dans le sens profond de chaque chose. C’est finalement la dimension de partage qui apparaît comme le point commun, la corde sensible à laquelle on revient. C’est de faire trouver cela qui manime. Et voir ce qui fait « blossom » chez les autres…

Invite à l’art d’éclore et de fleurir, Blossom intègre six amateurs, souvent issus de publics dits éloignés, à une équipe de 6 danseurs-musiciens professionnels. Les sessions de résidence ont eu lieu pour moitié dans des espaces tels que prisons, hôpitaux psychiatriques… et notamment aux Baumettes.

© Thomas Bohl

La résidence au BNM a permis à la pièce de se consolider techniquement, mais c’est surtout sur le plan humain qu’elle s’est enrichie considérablement avec la rencontre, aux Baumettes, des gens extraordinaires : c’est ce qui est le plus important. Comme cet ancien détenu qui est venu, lors de la première, à Cavaillon, témoigner de la force de l’art, dans tous les milieux.

Sandrine Lescourant n’en est pas à sa première collaboration avec le BNM : en 2021 déjà, elle assurait la transmission de Lazarus, issu du solo d’Oona Doherty aux danseur.euse.s du Ballet : j’ai aimé rassembler des gens différents autour de ce solo. Pour moi, qui suis issue du hip-hop, faire résonner dans une institution ce qui parle de la souffrance de la rue est très fort. Et puis Lazarus, sur le plan spirituel, ça parle aussi de renaissance et de résurrection…

Blossom c’est un trait d’union entre les différents continents artistiques de la compagnie : hip-hop, soul, afro, électro, gospel…Mais c’est aussi une façon de travailler l’espace entre les corps. La danse vient explorer des strates émotionnelles.

Les danseurs amateurs ont en eux une joie très archaïque et spontanée, qui vibre très fort. Je voulaisrassembler tout le monde sur cette même intention de coeur, imaginer des fils invisibles reliés à un coeur commun.

© Thomas Bohl

Chaque fois, Blossom commence en amont, lors de trois sessions de préparation avec les amateurs. Puis vient la représentation : il y a l’échauffement, puis, petit à petit, des regards s’échangent, une vibration commune au son de la batterie. La dramaturgie fonctionne par strates de résistance, traversées collectivement, avec des moments très hauts en vibration et des moments plus doux. Il y a une volonté daller vers quelque chose qui fleurit. Et puis à la fin, c’est un grand bal collectif…

Participative, évolutive, toujours différente, Blossom comportait lors de sa première pas moins de trente personnes au plateau : ce sont autant d’histoires de gens différents qui viennent éclore dans le spectacle. Les corps racontent énormément, les corps parlent, ils sont en lutte.La marche, la manière dont on se regarde, dont on se pose, dont on réagit à un son…

Je veux faire un spectacle toujours ouvert, qui reste en mouvement et qui épouse la vie…