Après l’aérobie et le punk, Paula Rosolen explore avec 16-BIT les conditions particulières qui ont permis à la techno d’évoluer comme phénomène social, politique et culturel.

Sur l’écran, Sven Väth danse sur la chanson « Where are you? », du groupe 16-BIT. Combinaison noire, col roulé, épaulettes et cornes lumineuses, le DJ allemand esquisse une gestuelle groovy et futuriste sur le rythme typique de cette techno des années 80. Paula Rosolen redécouvre ce clip en pleine pandémie, alors que tous les espaces permettant de telles expressions sont fermés…

« Ce mode de vie d’avant, libéré, m’apparaît à ce moment-là comme partie intégrante de notre démocratie ». La chorégraphe décide alors de travailler sur ce ciment de la vie sociale. Elle choisit la techno, phénomène politique et collectif international, pour la création de sa pièce 16-BIT.

Pour comprendre l’histoire et l’évolution du mouvement techno, Paula Rosolen adopte d’abord une approche quasi-anthropologique. Elle compile des archives vidéo, des témoignages, et réalise des interviews avec des spécialistes dont un historien de la techno. La deuxième étape de création a lieu à la Friche de la Belle de Mai à Marseille.

« Je me souviens de la première fois où je suis entrée dans cet espace (…) Il n'y avait pas de son mais je me souviens avoir entendu un son de basse. C'était comme si je l’entendais vraiment. »

« Quand tu n’as pas de styles de mouvements que tu veux reproduire, c’est toujours un langage original pour chaque pièce qui se crée. »

La première de 16-BIT a lieu lors de l’ouverture du MOMEM (Museum of Modern Electronic Music) à Francfort, lieu hautement symbolique qui abritait une église et où a été signée la Constitution allemande. Dans les années 80, la ville était une véritable scène de la techno, puis les clubs ont été détruits. Francfort entretient depuis l’image d’un « dead club ». La pièce y recrée un espace démocratique, un safe space, et ravive momentanément la techno dans cette ville emblématique.