- 15.10.2024
Le BNM a accueilli en résidence du 14 au 18 octobre, le projet CHAOSTUR conduit par la compagnie Permadanse. Avec, au plateau, un quatuor d’interprètes : Juliette Larochette et Nina Venard (musique)Maria Cargnelli et Gwendoline Leclerc (danse). Sortie de résidence prévue le 18, à 16h.
« Quelle place occupe le travail dans nos corps ? Quelles postures du corps nous avons quand nous travaillons ? Quels masques doit on porter ? Finalement qui sommes nous quand on travaille ? »
Compagnie hybride comportant à la fois création musicale et performance, Permadanse tisse des collaborations suivies avec des chorégraphes ayant pour point commun une sensibilité avec la musique techno, la culture rave, l’univers des clubs :
« Humainement, esthétiquement, nous nous rattachons à cette identité. Le constat a été fait que la culture des clubs arrivait à son stade mainstream, et que l’aspect consumériste de la nuit s’imposait. Face à un certain individualisme, nous ressentions comme la perte d’un esprit de communion. Permadanse est né de ce désir de rassembler à nouveau : quand on amène de la performance dans un club, les gens regardent, observent. Il y a une observation et une connexion à l’autre. Et ça permet de créer une cohésion… »
CHAOSTUR est bien cette fois-ci un projet de plateau. Mais il prononce un même diagnostic : qu’il existe une urgence à se défaire des postures imposées par l’aliénation au travail et la malléabilité des corps soumis aux gestes et aux contraintes physiques quotidiens : « les mouvements frénétiques de la main sur la souris, la course aux délais d’un livreur, les micros-mouvements, l’injonction à la performance, ou celle, souriante au bien-être… »
De là une proposition scénique qui met en scène la standardisation des corps, travaille sur le caractère répétitif du mouvement, et questionne nos identités sociales. « On y voit des personnages représentatifs de notre société : employé.es de bureau, livreurs ubérisés, digital influencers : autant de figures typiques d’un monde contemporain où le travail se revendique digitalisé, optimisé, flexibilisé… mais où tout cela recouvre de nouvelles formes d’aliénation des corps. »
En accord avec cette réflexion en actes sur la notion de posture, Maria Cargnelli a envisagé une écriture chorégraphique qui s’évite tout figement : « Il s’agit dans ce travail de faire ressortir l’idée d’ « états de corps » plus que d’écrire une partition contraignante. Nous voulions davantage travailler avec le côté émotionnel du corps. Cela passe forcément par le fait de laisser beaucoup de place au mouvement improvisé, dans lequel une liberté ressort, une liberté qui n’est pas disponible autrement ».
Côté musical, la partition originale de CHAOSTUR alterne entre ambiances sonores, voix, et bruits concrets. La notion de rythme, dans sa relation au vivant, y tient une place à part : contrainte ou libération ?« Des sons samplés,des voix, donnant des ordres « take a break », « go to work »… autant d’impératifs explicites ou implicites, qui rythment la journée de travail. Il fallait aussi que la musique évoque l’idée d’un paysage urbain. Assez métallique, strident, comme un univers industriel, plutôt stressant. Et puis progressivement, le paysage sonore s’accélère, et ça devient un rythme de fête, de libération… »
« Le chaos n’est pas seulement négatif, car il y a dans le chaos la possibilité d’un chamboulement. Et ce chamboulement est tellement grand qu’il nous ramène à l’essentiel. »