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- 23.11.2022
Poursuivant leur série créée dans des bâtiments iconiques aux États-Unis et en France, Brennan Gerard et Ryan Kelly imaginent un nouveau chapitre avec Bright Hours dans La Cité Radieuse à Marseille, la fameuse « Maison du fada » conçue par Le Corbusier.
« Nous avons réalisé à quel point l’architecture était structurée de manière hétéronormative et ne pouvait accueillir la manière dont nous vivons et travaillons avec Ryan. »
Depuis 2016, Gerard & Kelly développent une série de performances et de films dans des lieux emblématiques de l’architecture moderniste. Ils explorent la notion d’intimité à travers la question de l’espace domestique et interrogent la manière dont le design structure nos relations.
Quelle architecture concevoir pour abriter l’altérité ? Leur questionnement autour du couple les amène à rechercher des lieux où des « formes moins normatives de sexualité » deviennent possibles. Avec Modern Living, ils investissent la Schindler House de Rudolf Schindler en Californie, la Glass House de Philip Johnson dans le Connecticut et la Farnsworth House de Mies van der Rohe à Chicago avant de s’intéresser à deux habitations pensées par Le Corbusier : l’Atelier-appartement à Paris et la villa Savoye à Poissy. Dans ces lieux, en même temps qu’un langage architectural s’inventent de nouvelles manières de vivre.
« Nous abordons ces sites d'un point de vue queer, ce qui signifie considérer la maison comme une expérience de vie hors des normes sociales. »
Ces maisons deviennent le cadre d’expérimentations sociales radicales où sont repensées nos relations les plus intimes. Par la danse, Gerard & Kelly interrogent les rythmes de vie, la manière dont l’espace induit un mouvement, les plaisirs et les tensions du vivre-ensemble.
« Nous pensons notre rapport aux personnes qui ont habité ces espaces, réelles ou imaginées, - en l’occurrence imaginées. »
Après leur performance dans la Villa Savoye en 2019, Gerard & Kelly imaginent avec Bright Hours une relation amoureuse entre Joséphine Baker et Le Corbusier. Leur histoire, à partir d’une rencontre lors de leur traversée de l’Atlantique, permet de créer une fantaisie utopique empreinte de questions raciales, sexuelles et sociales.
La Cité Radieuse devient le cadre de cette intimité fictive. Gerard & Kelly élaborent une partition en croisant la manière dont Le Corbusier conçoit et construit l’espace en structures cellulaires bétonnées et les styles d’expression et de danse appropriés par Joséphine Baker. Entre sensualité et subversion, surfaces de béton brut et corps, Bright Hours rend les minorités, les « subalternes » visibles.