- Publication
- 01.01.2023
Poursuivant son travail sur la politique des corps noirs, le chorégraphe brésilien Calixto Neto questionne dans Il Faux la dépossession des corps, le risque de perdre son corps.
Un corps noir s’appartient-il en propre ? Calixto Neto interroge et affronte la menace systémique qui pèse sur les corps racisés, le danger de “perdre” son corps. Son point de départ : la lecture Ta-Nehisi Coates qui, dans la lignée de James Baldwin, théorise cette expérience afro-américaine de dépossession.
Partant du constat que son corps noir est de fait exposé au danger de l’expropriation, Calixto Neto tente par les mots et les gestes d’imaginer une danse qui permette de résister au contrôle extérieur et au risque d’annihilation.
Que serait un corps dépossédé? Comment incarner la dépossession avec toute sa puissance ? Que peut faire ce corps ? Est-ce qu’il bouge? Comment ? Est-ce qu’il parle ? Que peut dire un corps qui ne semble pas prendre la parole ?
Il Faux explore un processus de “décorporification”. Autrement dit, partir du point de vue d’un corps qui peut être à n’importe quel moment annihilé, soustrait, détruit, d’un corps manipulé pour identifier les forces qui menacent d’effacer ces corps. À travers la danse, et par la manipulation et le ventriloquisme, telle une marionnette, il incarne des corps dépossédés et convoque les énergies qui l’animent pour résister et restaurer la puissance de vie. Pour recomposer et reconstruire pas à pas et mot à mot un autre être. Quitte à se révéler totalement fictif.
Entre puissance et fictionnalisation, Il Faux questionne plus largement les logiques qui régissent nos interactions sociales, nos choix politiques, nos régimes de visibilité et privilèges mais également nos rapports de domination.