Entre septembre 2020 et juin 2021, en pleine crise pandémique, le cinéaste Pascal Catheland et le chorégraphe Arthur Pérole vont à la rencontre d’un groupe de dix-sept adolescent.e.s de quatorze ans dans un collège du Var. Iels s’interrogent : quelle est leur perception du monde d’aujourd’hui et quel futur imaginer ?

Artiste associé au Théâtre en Dracénie à Draguignan, Arthur Pérole réalise un projet avec une classe de quatrième où les élèves débattent ensemble des notions de transe et d’identité. Pour la deuxième année, le chorégraphe décide de faire appel à Pascal Catheland pour faire un projet vidéo. En pleine crise pandémique, à la sortie du confinement, les deux artistes mesurent la détresse de ces adolescent.e.s.

À quoi j’aurais envie de rêver ? Est-ce que j’aurais envie de rêver moi ?

Arthur Pérole et Pascal Catheland se rendent compte que leur projection dans le futur est bloquée. En cette période de restriction physique, quel horizon imaginer ? La crise sanitaire n’a fait qu’exacerber le sentiment d’un monde de l’immédiateté, où l’avenir est incertain. Dans un monde qui va mal, il semble préférable pour ces jeunes de ne pas penser au futur. Dès lors, comment agir en tant qu’artistes ? Comment réactiver les rêves, la parole ?

À la force de nos rêves et de nos corps dansants, trouver le courage de s’inventer un avenir et se découvrir enfin.

Les deux artistes réajustent la focale et décident d’interroger les adolescent.e.s sur leur(s) rêve(s). Face caméra, iels se confient. “Le récit de leurs songes esquisse la possibilité d’une échappée-belle” et ce film, un prétexte pour “une grande évasion nécessaire”.

Si au départ, les questions ont été orientées autour de la pandémie et de la situation du monde, les élèves révèlent peu à peu au cours des entretiens leur désir de fête, le manque et la frustration ressentie par la privation de contact physique. Faire la fête, c’est se retrouver ensemble, c’est lutter contre l’isolement et d’une certaine façon résister contre cette immédiateté paralysante. La parole a permis de libérer les corps, il faut à présent les mettre en mouvement. Dans la série, les corps contraints et immobiles des adolescents s’émancipent peu à peu dans une transe qui devient comme un exutoire à la réalité :

Ce besoin communautaire, qui s'exprime par le corps et l'engage le plus physiquement possible, prend pour nous une dimension politique aujourd'hui.

Au croisement du film documentaire et de la danse, la série RÊVES de 4 épisodes sonde une génération et questionne le devenir des corps en cette période de crise sanitaire et sociale. Arthur Pérole et Pascal Catheland y accompagnent des adolescents dans leur besoin vital d’évasion, par la parole qui libère les corps mais aussi dans leur rêve collectif de fête où les corps pleins d’énergie se retrouvent dans une transe virale.