- Coproduction
- Marseille
- 24.06.2025
Co-produit par le BNM, le projet de Lenio Kaklea regroupe sept interprètes et une partition sonore constituée d’enregistrements ornithologiques in situ. Les oiseaux fait le pari de rendre sensible l’altérité animale et questionne nos représentations.
Je me suis intéressée à l’observation des oiseaux en échangeant avec Thierry Aubin, directeur de recherche au CNRS. Il nous a fait écouter des colonies de millions d’individus sur des îles isolées : les oiseaux se parlent. Ils ont des noms, ils disent leurs émotions, il se bagarrent pour leurs territoires…
Bien loin de toute intention mimétique, Lenio Kaklea envisage la figure de l’oiseau dans une recherche chorégraphique, riche d’une longue tradition dans le répertoire de la danse, depuis le ballet classique jusqu’à Beachbird de Merce Cunningham ou Danses d’oiseaux de Noah Eshkol qui l’ont inspirée.
L’aile est articulée différemment et permet de réfléchir à d’autres usages du bras. L’oiseau a une incroyable mobilité de la tête, saccadée. Une manière de marcher en regardant par le côté. De sécher ses ailes en les levant vers le ciel…
Dans sa pratique artistique marquée par la critique sociale, le féminisme, ou l’écologie, Lenio Kaklea propose aussi de voir en l’oiseau une figure de décentrement, capable de défier la gravité et de renégocier nos identités. Comme chez Aristophane, ils dynamitent un anthropocentrisme trop destructeur.

Je voudrais présenter une pièce dansée par des humains et capable de nous transporter vers une altérité. Le but est de repousser la question de l’expressivité du corps pour trouver à travers l’évocation des oiseaux, l’idée d’un corps hybride, non-humain…
Les suivre, c’est se risquer à une sorte de passage de frontière : L’hybridité, les identités peu reconnaissables sont intéressantes à explorer par le mouvement. Elles posent la question de la frontière et du franchissement, de la façon dont on se partage l’espace à plusieurs.
Pour la pièce, il y a eu quelques phrases de base. Puis chaque interprète a développé son propre langage, qui est devenu un matériau progressivement partagé, et agencé entre danseur·euse·s. Cela crée à la fois des décalages, de l’unisson, et de la dissonance.
Le sujet est un défi pour moi, chorégraphiquement parlant. Ce qui m’importe est de proposer cette expérience visuelle, émotionnelle, formelle, et critique.
Pour autant, Les oiseaux de Lenio Kaklea nient tout idéalisme. Sur un ciel vidéoprojeté constamment en mouvement passent à la fois des instants de drames et d’accalmie. Une météorologie d’émotions devant laquelle évoluent des costumes inspirés des défilés punk d’Alexander McQueen.

LES OISEAUX
Création
30 juin-1er juillet 2025
Théâtre de La Vignette, Montpellier
Dans le cadre de Montpellier danse
Infos & résas
04-05 juillet 2025
KLAP - Maison pour la danse
Dans le cadre du Festival de Marseille
Infos & résas